Je ne sais pas vous, mais moi j’adore la rentrée scolaire : ça me fait un peu le même effet qu’en janvier, j’ai l’impression que c’est une période où on a une énergie nouvelle, comme si on avait tous les baromètres remis à zéro.
Un nouveau départ donc, qui pour moi va être l’occasion de commencer les prémices d’un quatrième roman. Et je me disais que vous aussi, vous aviez peut-être envie de débuter une nouvelle aventure d’écriture. C’est peut-être votre premier roman, votre troisième, votre huitième, peu importe.
Si vous ne savez pas trop comment vous y prendre, ou si vous voulez simplement un rappel des bases pour repartir du bon pied, vous êtes sur le bon article !
Sortez vos plus beaux trenchs, votre vieille pipe en bois, votre machine à brume, et suivez le guide ! On est parti pour la première étape :
Étape 1 : Trouver une idée de roman policier
Il existe plusieurs façons de trouver une idée de base qui vous servira ensuite pour votre futur roman.
Soit vous en avez une qui vous trotte dans la tête, qui vous hante, depuis quelques semaines, quelques mois, parfois quelques années. Si c’est le cas, c’est parfait, car vous n’aurez pas besoin de chercher d’idée de base.
Ce que j’appelle une idée de base peut être très variable : ça peut être l’idée d’une fin, l’idée d’un début, un concept, un mystère, une situation. Le plus important réside dans le sentiment que vous procure cette idée. Si elle vous excite, vous hante, et que vous estimez que ça serait un véritable drame de ne pas l’exploiter, alors c’est que c’est la bonne idée.
Si vous n’avez pas la bonne, mais que comme moi vous avez le réflexe de tout noter dans des carnets ou sur votre téléphone : relisez vos notes. Vous allez peut-être tomber sur une idée incroyable que vous aviez oublié.
Si vous n’avez pas ce réflexe, petite parenthèse, mais apprenez à l’avoir : la légende selon laquelle vous n’oublierez jamais une bonne idée est totalement fausse. Surtout si vous êtes une vraie tête de linotte comme moi.
Enfin, si vraiment vous n’avez aucune idée, mais juste une pulsion d’écriture incontrôlable, voici quelques pistes où vous pourrez trouver ‘l’inspiration :
- Les documentaires : que ça soit sur YouTube, sur netflix, sur Arte. Tueurs en série, meurtre passionnel, règlement de compte, ce n’est pas les documentaires sur des faits divers qui manquent. Bien sûr, il ne s’agit pas de plagier, simplement d’avoir une attention active afin de déceler les histoires, les rebondissements, les affaires qui vous plaisent et vous captivent. Vous pourrez ensuite partir de ce postulat pour imaginer votre roman.
- Les livres : crimes historiques, faits divers, mystères jamais résolu, cold case. Vos bibliothèques regorgent d’ouvrage sur ces sujets. Prendre quelques après-midi pour vous documenter sur des cas concrets va, comme pour les documentaires, aiguiser votre imagination. N’ayez pas peur de mélanger plusieurs histoires pour voir ce qu’il se produit : c’est ce que j’ai fait pour mon dernier livre, La voix des disparus, où j’ai mélangé 3 affaires criminelles pour en ressortir une histoire originale.
- Les podcasts : Une autre excellente source d’inspiration. Voici quelques idées de récits audio à écouter, dans les transports, à la maison, qui vont, j’en suis certain, faire germer les graines de votre futur page-turner : Tueurs en série, Faites entrer l’accusé, De tenebris cordis, etc.
- Marcher : cette source d’inspiration peut dénoter par rapport aux autres, mais c’est tout à fait sérieux : une étude de l’université de Stanford démontre que marcher peut augmenter de 60% votre créativité. 60% ! D’ailleurs, vous n’avez surement pas besoin d’étude scientifique pour le savoir : vous avez déjà dû remarquer qu’en marchant, des idées vous venez plus facilement. Donc, si vous voulez trouver une idée incroyable, et en plus faire de l’activité physique : des bonnes chaussures, une banane et une randonnée de la nature seront vos meilleurs alliés !
Il existe bien sûr d’autres sources d’inspiration, comme votre entourage, ou bien le cinéma, mais je pense déjà qu’avec ces 4 pistes, vous allez trouver de quoi écrire une dizaine de romans !
Étape 2 : Carnet d’écriture
C’est l’un des moments que je préfère : Vous allez vous rendre dans votre papèterie préférée, choisir un carnet qui vous plait, dans lequel vous aurez envie d’écrire parce que ce petit carnet va vous suivre tout le long de c e processus de conception.
Dans ce carnet, vous allez noter les informations suivantes :
- Des notes de recherche, pour des lieux, des personnages, des évènements
- Les fiches personnages
- Des to do de choses à ne pas oublier
- Des cartes heuristiques pour développer des idées, des thématiques
Bref, dans ce carnet, c’est tout l’univers de mon roman que je vais tisser, de manière assez chaotique. Ce petit calepin a vocation de devenir la future bible de mon récit. Il me servira, quand j’aurai un doute au moment de l’écriture, de vérifier certaines infos sur tel personnage, ou tel twist, ou tels lieux.
Cette étape peut durer plusieurs mois, et va s’étaler en parallèle d’ autres étapes. La conception est un processus continu, qui va parfois se poursuivre longtemps après l’écriture du roman, donc gardez bien ce carnet près de vous , tout le temps, ça va devenir votre meilleur ami.
Étape 3 : Imaginer des personnages
Vous avez votre idée initiale, vous avez noté pas mal d’idée dans le carnet, laissons-le un peu de côté. Comme un bon gâteau, il faut savoir faire reposer la patte pour qu’il soit encore plus savoureux plus tard.
Maintenant que vous avez une situation, un mystère, un contexte, une fin, des lieux, bref, quelques idées posées sur papier, il va falloir imaginer les personnages qui vont vivre, se battre, évoluer dans cet univers.
Pour se faire, rien ne vaut les bonnes vieilles Fiches Personnages.
Je vous renvoie à cette vidéo pour avoir en détail le contenu des fiches personnages que j’utilise.
L’idée des fiches personnages, c’est de créer et regrouper toutes les infos sur vos personnages. Et quand je dis infos, je dis quelques détails de forme, mais je dis surtout d’aller creuser le fond du personnage : sa personnalité, son background, ses forces, ses faiblesses, ses peurs, ses rêves. De savoir que votre héros Jean-Marcel a les yeux bleus, des petites lunettes rondes et un béret mauve ne le rendra pas plus attachant. Par contre, de savoir qu’il est brouillé avec sa fille, qu’il a toujours rêvé d’être astronaute et qu’il déteste son métier de boulanger, là de suite, c’est beaucoup plus intéressant.
Une fois que vous avez fait toutes vos fiches, on va revenir sur l’idée initiale, et creuser davantage.
Étape 4 : Faire les recherches
Avoir une idée initiale, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant.
Faire des recherches préalables est une partie capitale dans l’écriture d’un roman policier. Pourquoi me direz-vous ?
Tout d’abord, parce qu’elles donnent de la matière et de la logique au récit. Il s’agit de créer un univers et de créer quelque chose de concret et de crédible. Si votre crime s’est passé dans le milieu hospitalier par exemple, il va falloir comprendre le fonctionnement d’un hôpital, assimiler quelques mots techniques pour rendre les échanges entre vos personnages plus vrais, etc..
Personne ne vous demande de devenir un expert dans le domaine que vous avez choisi, mais il est important, en tant qu’écrivain, de faire un pas supplémentaire dans la connaissance de ce que vous racontez. Le lecteur est prêt à croire en la véracité de vos dires, tant que cela reste cohérent. Et pour être cohérent, il faut savoir de quoi on parle !
Comment faire ses recherches ?
Tout dépend du milieu ou du sujet sur lequel vous pensez devoir faire ces recherches. Internet est un outil incroyable, mais soyez prudent, vérifiez vos sources, privilégiez les livres. Rien ne vaudra quelques sessions à la bibliothèque pour réunir les informations dont vous avez besoin.
Étape 5 : Définir le modus operandi
Vous avez fait vos recherches, maintenant, rentrons dans le cœur du sujet : le crime. Parce qu’écrire un roman policier, c’est aussi et surtout parler d’un crime (meurtre, enlèvement, disparition). Et pour ne faire aucune faute de cohérence, il est très important que vous définissiez le modus operandi de votre coupable.
En d’autres termes, vous devez écrire avec précision les 3 étapes du crime :
Avant : est-ce un meurtre prémédité ? Comment s’est-il procuré son arme ? Quel est son plan ? Pourquoi fait-il tout ça ? Sont-ils plusieurs ? A-t-il un complice ?
Pendant : Le meurtrier a-t-il l’ascendant physique sur sa victime ? Comment s’y prend-il ?
Est-il sûr de lui ou au contraire paniqué ? Fait-il des erreurs ? Laisse-t-il des traces quelque part ? Est-ce qu’il y a des témoins ?
Notez également la date, l’heure exacte, le lieu, le temps qu’il fait.
Et enfin, le après : une fois la sale besogne effectuée, cache-t-il le cadavre ? Et quand il voit que la police s’approche de lui, que fait-il ? Il est très important que votre tueur reste actif tout le long du récit, bien sûr sous le regard de vos lecteurs, mais il n’y a rien de pire qu’un tueur qui attend sagement que les enquêteurs le débusquent.
Étape 6 : Structurer son polar
À présent, il est temps de passer à la structure.
C’est une étape cruciale pour que votre enquête soit la plus cohérente et la mieux ficelée possible. J’ai déjà fait une vidéo complète où je détaille ma méthode pour structurer un récit, vous avez juste à cliquer ici.
Vous pouvez choisir de ne pas faire de plan, mais je vous le déconseille. Le polar demande trop de précision pour se laisser aller à de l’improvisions. Bien sûr, vous pouvez varier le degré de précision de votre plan. Vous n’êtes pas obligé de décrire chaque chapitre, chaque phrase, mais c’est très important d’avoir une structure globale afin de savoir où vous allez, qu’elles sont vos suspects, vos indices, vos retournements de situation.
Le risque de partir en roue libre, c’est que vous allez écrire votre premier jet, placer les indices au fur et à mesure, vos twists, pour qu’au final il y est de grande chance qu’à la fin, vous remarquiez des incohérences. Certaines seront peut être minimes et ne demanderont pas beaucoup de retouche, mais d’autres ébranleront les fondements même de votre roman, vous obligeant à tout recommencer.
Et ce n’est pas ce qu’on veut, jeter 3 mois de travail, pas vrai ?
Alors, faites un plan.
Étape 7 : Choisir son narrateur
Dernier point avant de se lancer dans le grand bain : qui va raconter cette histoire ?
Soit, vous avez la narration interne, qui raconte donc l’histoire du point de vue du ou des personnages principaux. Tout est raconté en “Je”, et ça permet d’être dans la tête des protagonistes, d’avoir ses émotions, ses sentiments, ses peurs. L’avantage de cette narration, vous l’aurez deviné, c’est l’immersion. C’est plus facile pour le lecteur de se mettre en empathie.
Ensuite, vous avez la narration externe, tout est raconté en “Il” ou “Elle”.
On perd le côté immersif, mais le lecteur a accès à beaucoup plus d’informations qu’en narration interne. Cette narration crée également une distance, voire une “froideur”, qui peut vous aider à créer de la tension et du suspense. Il est plus facile par exemple de créer de l’ironie dramatique avec une narration externe qu’avec une narration interne.
Vous pouvez également alterner entre ces narrations pour créer du dynamisme dans votre récit.
Par exemple, en cas de roman choral, c’est-à-dire un roman où plusieurs personnages sont protagonistes, on peut très bien imaginer une narration en “Il” pour l’enquêteur, et une narration en “Je” pour un personnage mystérieux. C’est ce que j’ai fait dans mon premier roman, Le dernier héros.
Et après tout ça ?
Et bien, roulez jeunesse !
Alors bien sûr, les plus experts et affutés d’entre vous vont surement me dire : “T’as oublié plein d’étapes ! Et le thème principal ? Et les relations entre les personnages ? Et les intrigues A et B ?”
Et oui, vous avez tout à fait raison, mais l’idée de cet article était de décortiquer les très grandes étapes pour bien débuter un roman. Si vous cherchez des formations qui vont à fond dans le détail, vous trouverez votre bonheur sur notre site l’Académie du Frisson. 😉